Résumé : La vie paraît sourire à Will Trent, du Bureau d’Investigations de Georgia. Il vient de tomber amoureux et commence à enterrer son passé trouble lorsqu’une jeune étudiante disparaît et que son chef, Amanda Wagner, la directrice-adjointe du GBI, sans aucune explication, le tient à l’écart de l’enquête.
Will s’interroge, les cas de disparitions se multiplient. Que faisait Amanda dans l’orphelinat désaffecté d’Atlanta où il a grandi ? Se recueillerait-elle, elle aussi, sur un lieu de mémoire ?
Il semblerait que l’affaire qui a lancé la carrière d’Amanda, quarante ans plus tôt, ait soudain refait surface. Et les deux policiers vont devoir affronter les démons d’une enfance qui les hantent…
Avis : Si les deux derniers romans de Karin Slaughter ne m’avaient pas complètement satisfaite, je suis ravie de dire que j’ai cette fois eu beaucoup de plaisir à lire ce nouvel opus. Criminel répond enfin aux questions sur l’étrange relation qui unit Amanda à Will, et lève le voile sur une partie de leur passé. Le personnage de Sara, cause de mon mécontentement dans les tomes précédents, est ici très en retrait. Et l’intrigue est passionnante !
La narration est partagée entre aujourd’hui et 1974. Une jeune étudiante vient d’être kidnappée, replongeant Amanda Wagner dans son passé, du temps où elle était une toute jeune recrue de la police d’Atlanta. L’accent est porté sur cette partie, nous plongeant au cœur des seventies.
Amanda, à ses débuts dans la police était très différente de la femme inflexible que l’on connaît aujourd’hui. C’est une femme effacée, s’efforçant de toujours plaire à autrui et soumise à l’autorité paternelle que nous rencontrons dans Criminel. L’enquête qu’elle va mener – sa première vraie enquête pour homicide – et son amitié naissante avec Evelyne Mitchell vont jeter en elle les premiers jalons de son indépendance.
Grâce à ses personnages, Karin Slaughter apporte ici un éclairage sur la place des femmes dans les années 70, et notamment dans la police, où elle était particulièrement précaire. Elles se faisaient malmener de tous côtés. Il y avait ce qui était considéré comme un « métier d’hommes » et un « métier de femmes ». Et à ce moment là de l’Histoire, policier n’était décidément pas un métier de femmes. Celles qui s’y aventuraient le faisaient à leurs risques et périls, encourant la possibilité bien réelle de se faire attaquer aussi bien par les malfrats qu’elles poursuivaient que par leurs collègues masculins. C’est une époque où les femmes étaient encore majoritairement assujetties à la domination des hommes ; même une fois majeures, elles devaient avoir l’assentiment paternel pour pouvoir louer un appartement par exemple. C’est de haute lutte qu’elles devaient acquérir leur émancipation. L’auteure rend ainsi un véritable hommage au courage et à la force de ces femmes qui, par leur pugnacité, ont permis de faire évoluer les choses.
Karin Slaughter a fait un gros travail de recherche sur cette période et son contexte historique et social et c’est avec une parfaite maîtrise qu’elle nous le fait découvrir. L’enquête est bien ficelée, entrainante et apporte son lot d’émotions. La fin, choc, est parfaite.
Roman publié aux éditions Grasset – Traduit par François Rosso