Le vaisseau ardent, Tome 1
Résumé : Au sommet de sa gloire, l’explorateur Anton Petrack se remémore ses dix ans, dans la Yougoslavie de Tito. Pétri d’histoires de pirates, avec son ami Jak il dévalisait les bateaux mouillant au port, quand ils ont rencontré l’Ivrogne. En échange de mauvais rhum, cet historien fantasque leur a dévoilé l’existence du Pirate Sans Nom, qui a amassé le plus invraisemblable butin sans laisser de trace.
Devenu le « Sherlock Holmes des mers », le commandant Petrack a consacré sa vie à rechercher ce trésor aux quatre coins du monde, sans rien trouver. Sinon que, derrière l’énigme du Pirate Sans Nom, se cache une légende en prise avec les mythes les plus anciens, celle du Vaisseau ardent.
Avis : Voici un ouvrage à la construction originale et qui sort des sentiers battus pour revenir aux fondamentaux des récits d’aventures : la flibuste et les frères de la côte. Une grande partie du récit s’ancre dans le réel et se déroule au 20e siècle et c’est très inhabituel pour un roman classé en imaginaire. Le côté fantastique est apporté par l’histoire du pirate sans nom et son île mystérieuse, oscillant régulièrement entre mythe, légende et Histoire. Avec ce récit initiatique qui mêle trois histoires, Jean-Claude Marguerite, en remettant en avant la tradition de la transmission orale, nous entraine dans des déliés et des circonvolutions qui pourront perdre plus d’un lecteur s’il ne se montre pas attentif.
Dans un langage soutenu, parfois poétique, l’auteur retrace ici trois destins. Celui d’Anton, enfant solitaire se rêvant pirate, celui de l’Ivrogne, alias le Déchiffreur, alias Qui-perd-gagne, alias le Bouffon-savant, historien devenu alcoolique, et enfin celui du Petit Hollandais.
Ce sont les protagonistes centraux du roman et c’est par eux que cette histoire extraordinaire nous est relatée. Le personnage de l’Ivrogne est très intéressant. C’est un conteur disert qui, à travers ses histoires, assène quelques leçons de vie à ses auditeurs. Le Petit Hollandais m’a quant à lui passionnée. Les passages le concernant font très certainement partie de mes préférés. C’est un être complexe, marqué au point de devenir impitoyable. J’ai eu plus de mal avec Anton. Je l’ai trouvé bien souvent trop satisfait de son intelligence et assez peu amical envers Jak, qu’il appelle pourtant son ami. J’espère d’ailleurs que la seconde partie révèlera le potentiel de ce dernier et le sortira de son rôle de faire-valoir.
Anton et l’Ivrogne sont liés par la poursuite d’un rêve : découvrir la vérité sur le pirate sans nom, son île et son trésor. Ce qui n’était au départ que l’invention d’un étudiant cabochard va devenir l’obsession de deux hommes, à la poursuite d’une quête parfois insensée.
Ce récit foisonnant, prend ses racines dans l’Égypte ancienne. Toutefois, il manque par moments un peu d’action. En effet, l’auteur peut se perdre dans le contemplatif et la rhétorique. La partie sur le « naufrage » du Déchiffreur m’a d’ailleurs paru bien longuette.
Avec ce récit, Jean-Claude Marguerite titille l’enfant qui est en nous, celui qui veut croire et trouver, celui, capable de rêver.
Alors, prêts pour une « Aventure sans fin » ?
Roman paru aux éditions Jean-Claude Marguerite
25.un bateau sur l’eau