Berlin 56

Berlin 56

Synopsis : Caterina Schöllack dirige une prestigieuse école de danse berlinoise. Sa plus grande préoccupation est de marier ses trois filles, Monika, Eva et Helga, à des gentlemen bien établis et de bonne famille, afin de conserver les traditions dans son école de danse “Galant”. Toutefois, Monika vit difficilement son entrée dans l’âge adulte et son rôle en tant que femme à cette époque. Elle est en effet fascinée par un tout nouveau monde fait de coiffures banane, de vestes en cuir, de jupons et de rock and roll.

Créé par Sven Bohse (2016)
Avec Claudia Michelsen, Sonja Gerhardt, Maria Ehrich, Emilia Schüle, Sabin Tambrea, Trystan Pütter
Série Allemande – Terminée
Genre Drame, Historique
Format : 6×45′

Avis : Gros coup de cœur pour Berlin 56, mini-série historique tout juste diffusée sur Arte. Chronique de la société dans l’après-guerre outre-Rhin, elle explore les thèmes de l’émancipation féminine, du mensonge, du déni, de l’obsession de la réussite, de la culpabilité et de l’oppression des femmes. Oui, tout ça ! Berlin 56 est le portrait d’une époque en pleine mutation.

Encore hantée par les atrocités du nazisme, hésitant à s’accrocher à ses valeurs, ancestrales et rassurantes, ou à se tourner vers l’avenir, la société berlinoise vit une période charnière. Et si le Mur ne défigure pas encore la ville, Berlin connaît déjà une séparation de fait entre l’Ouest et l’Est ; il faut d’ailleurs montrer patte blanche pour passer de l’un à l’autre. Lorsque certains tentent d’oublier en reniant leur passé, d’autres se tournent vers le fascisme. La reconstruction historique que nous propose Berlin 56 est vraiment très réussie, que ce soit dans les décors, les costumes ou par l’atmosphère rétro qui l’entoure. L’image est superbe, faisant contrepoids à l’horreur parois dissimulée.

la famille Schöllack dans berlin 56
Pour Catarina Schöllack, propriétaire d’une école de danse et mère autoritaire de 3 grandes filles, qu’est-ce que le bonheur face à un « bon » mariage ? Et justement, Helga, son ainée est sur le point de convoler avec le futur procureur de Berlin. Elle ne se fait pas trop de soucis non plus pour sa benjamine Eva, qui a des vues sur le médecin-chef de l’aile psychiatrique où elle travaille. Non, celle qui lui donne vraiment du fil à retordre, c’est Monika, sa cadette qui vient justement de se faire renvoyer de l’institut des arts ménagers où elle étudiait. Monika, qui refuse obstinément de rentrer dans le moule.

Caterina Schöllack représente les traditions et les bonnes mœurs. Elle vit dans le monde des apparences, figée dans le rôle de la veuve respectable et elle entend bien que ses filles perpétuent une certaine image de la femme. Le mariage est pour elle le point central de la vie d’une femme, celle-ci ne pouvant s’accomplir qu’à travers son époux. Elle semble complètement oublier qu’elle-même dirige seule son entreprise d’une main de fer depuis 10 ans. Tout comme elle oublie très obligeamment ses propres secrets… Elle incarne le frein à l’évolution, immobilisée entre une époque qui lui fait honte et un avenir qui la terrifie.

Monika est le vilain petit canard de la famille. Timide et effacée, elle aspire pourtant à autre chose qu’à cette vie sans saveur. Elle est celle par qui le changement arrive. Monika veut comprendre le passé, est prête à affronter l’avenir, à l’embrasser même plutôt que d’accepter ce carcan dans lequel elle se sent mourir. Elle s’interroge : « une femme a-t-elle vraiment besoin d’un homme ? ». L’arrivée du rock’n’roll est le détonateur qui lui donnera la force de se rebeller. Car Monika est une passionnée, et la danse a toujours représenté pour elle un exutoire. Ainsi, le spectateur ravi (moi) aura même droit à de belles scènes de rock endiablé, accompagnées d’une super bande-son (Billy Haley, Jean Vincent…).

photo de la série berlin 56 avec monika et freddy
Ce sont de beaux portraits qu’offre Berlin 56, mais c’est aussi un éclairage noir, sans concession d’une époque : brimades, viol, loi anti-homosexuels, répression et soumission… Les acteurs sont excellents, incarnant parfaitement ces êtres torturés, se débattant avec le poids des conventions et de leurs propres désirs. Je ne vous ai parlé que de Caterina et de Monika (ma petite préférée) mais chaque personnage aura sa propre bataille à mener. À recommander à tous les amateurs de série historique !

Une suite a été commandée, Berlin 59, et j’ai hâte de voir ça !

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