
« Je suis certain que nous avons réveillé leur satané Sisu.
– Je ne parle pas leur langue, camarade.
– Et je ne pourrais te traduire ce mot, car il n’a d’équivalent nulle part ailleurs. Le Sisu est l’âme de la Finlande. Il dit le courage, la force intérieure, la ténacité, la résistance, la détermination…
Une vie austère, dans un environnement hostile, a forgé leur mental d’un acier qui nous résiste aujourd’hui. »
Imaginez un pays minuscule.
Imaginez-en un autre, gigantesque.
Imaginez maintenant qu’ils s’affrontent.
Au cœur du plus mordant de ses hivers, au cœur de la guerre la plus meurtrière de son histoire, un peuple se dresse contre l’ennemi, et parmi ses soldats naît une légende.
La légende de Simo, la Mort Blanche.
Avis : Les héros de Norek sont toujours des types normaux qui font des choses extraordinaires avec un sens profond de la justice. Simo Häyhä en ait le prototype parfait. Jeune paysan d’1m 52, il devient pourtant le tireur d’élite qui va sauver de nombreuses vies finlandaises et causer d’innombrables pertes russes et surtout leur perte de confiance lors de l’agression de la Finlande par la Russie en 1939. Surnommé la Mort Blanche (Belaya Smert en russe) et le Tireur Magique (Taika-ampuja en finlandais), Simo va vous ravir le cœur.
On le suit avec 3 de ses amis du village de Rautjärvi : Toivo, Onni et Pietani Koskinen lors de cette guerre d’hiver qui verra le David Finlandais tenir tête au Goliath Russe. Toivo, célibataire lui aussi est l’ami de toujours de Simo. Onni est lui aussi un très bon copain et il se marie juste avant leur départ pour le front. Pietani, lui, a un frère plus jeune, Victor dont il se sent responsable.
Nous allons voir les horreurs de la guerre et ses absurdités mais aussi l’humanité et l’ingéniosité dont certains font preuve dans ces moments stressants.
Ce roman est une suite de plongées d’un côté ou de l’autre de la frontière. Dans les absurdités de ce que souhaite Staline ( guerre finie en 2 jours, monter les marches du parlement finlandais pour son anniversaire dans qq semaines, pas de bons entraînements des troupes…) et les bouts de ficelles de l’armée finlandaise qui se bat pour sa terre et met les voisins dans les mêmes compagnies de l’armée pour que les désertions ne soient pas possibles : comment laisser derrière soi quelqu’un que l’on connait depuis toujours !?
Le suspense est omniprésent avec un jeu d’abandon d’une situation pour la voir du côté opposé et apprendre enfin ce qu’il s’est vraiment passé.
Les personnages sont un peu caricaturaux mais comment ne pas l’être quand on passe à la postérité ? En tout cas, j’ai vécu viscéralement avec les personnages et est versé de nombreuses larmes pendant la lecture de ce roman. Mais aussi j’ai dit un nombre incalculable de fois : « c’est pas possible d’être aussi cons » en parlant surtout des russes mais aussi de certains finlandais.
Olivier Norek offre une vision hyper documentée mais au combien également admirablement romancé de cet épisode méconnu de notre histoire. J’ai été happé par les petites histoires se télescopant :côté russe, côté finlandais puis français un peu (qu’elle honte d’ailleurs !) Et enfin, sur les différents fronts avec les 2 frères Kostinen. Et même parfois, à l’arrière avec les familles.
Avec les actualités ukrainienne et gazaouie (entre autres), comment ne pas voir dans ce récit glaçant et émouvant en même temps, toutes les erreurs de cette « guerre de l’hiver » commises de nouveau.
« Il y a une différence entre pouvoir tuer et devoir tuer. » On devrait s’en souvenir…
Roman publié aux éditions Michel Lafon.











