Le roman d’Anthony Doerr nous entraîne de la Constantinople du XVe siècle jusqu’à un futur lointain où l’humanité joue sa survie à bord d’un étrange vaisseau spatial en passant par l’Amérique des années 1950 à nos jours. Tous ses personnages ont vu leur destin bouleversé par La Cité des nuages et des oiseaux, un mystérieux texte de la Grèce antique qui célèbre le pouvoir de de l’écrit et de l’imaginaire.
Avis : La cité des nuages et des oiseaux est un roman choral qui nous fait voyager de Constantinople, en 1439, aux années 2100 où l’humanité a délaissé la Terre pour trouver son salut sur Beta Oph2, une planète qui aurait les mêmes caractéristiques que la nôtre.
Anthony Doerr y tisse la toile d’un conte philosophique, porté par 5 personnages ordinaires aux destins extraordinaires. Konstance, une adolescente de 14 ans qui, à bord de son vaisseau, tente de comprendre le monde qui l’entoure, est celle qui ouvre le bal. À Lakeport, de nos jours, Zeno, un octogénaire vétéran de la guerre de Corée, et Seymour, un jeune homme idéaliste, ne se connaissent pas, mais vont bientôt rentrer en collision. À Constantinople, Anna est une jeune orpheline qui travaille dans un atelier de broderie ; elle ne le sait pas encore, mais elle sera bientôt le témoin de la chute de cette ville mythique. En Bulgarie, à la même époque, Omeir est un simple fermier, ostracisé par ses contemporains pour son bec de lièvre, qu’on dit le signe du diable.
Mais qu’est-ce qui pourrait bien relier ces personnes que tout semble opposer ? C’est la découverte d’un ancien manuscrit, une fiction écrite par Antoine Diogène pour apporter l’apaisement à sa nièce malade : La cité des nuages et des oiseaux. Ce livre ne cessera d’être découvert, perdu et redécouvert au fil des siècles et c’est ce texte qui sert de fil d’Ariane au récit. Cette étrange fable, aux ressorts magiques, dramatiques et comiques à la fois, a le pouvoir d’apporter lumière, soutien et espoir à ceux qui la lisent. En filigrane, c’est un bel hommage aux pouvoirs des livres et à ceux qui se font passeurs (les bibliothécaires, mais pas que) que livre l’auteur.
Mais surtout, à travers ces intrigues multiples, c’est le monde d’aujourd’hui et celui que nous voulons pour demain qu’Anthony Doerr interroge.
Ainsi font les dieux, ils tissent les fils du désastre à l’étoffe de nos vies, afin d’inspirer un chant pour les générations à venir.
Roman publié aux éditions Albin Michel – Traduit de l’américain par Marina Boraso