Maintenant que la dernière de ses filles a convolé en justes noces, Sookie peut enfin s’autoriser à ne rien faire. À presque 60 ans, il serait temps ! Seulement, une lettre livrée par erreur vient soudain bousculer son paisible programme. S’y étale, noir sur blanc, le mensonge de toute une vie…
Mise sur la piste d’une mystérieuse vieille dame, femme libre et héroïne de guerre, Sookie retrace à tâtons le fil de son histoire. Ses pas la mèneront à une lointaine station-service du Wisconsin où l’attendent un autre passé et, peut-être, un nouveau départ…
Avis : Il y a… une éternité, j’ai eu un coup de cœur pour le film Beignets de tomates vertes, et depuis j’ai toujours eu envie de lire les romans de Fannie Flagg. Lorsque je suis allée en librairie enfin acheter les Beignets… ils ne l’avaient pas. Frustrée, c’est avec La dernière réunion des filles de la station-service que je suis repartie.
Au début des années 2000, à Point Clear en Alabama, Sookie Simmons Poole, 59 ans, a la désagréable surprise de découvrir qu’on lui a menti toute sa vie, et qu’elle est une enfant adoptée. Elle, dont la mère, l’incroyable, infatigable et excentrique Lenore Simmons Krackenberry, lui a rendu la vie impossible avec l’héritage Simmons, l’image et les devoirs de la famille, n’est pas une Simmons. Sa vraie mère serait une obscure polono-américaine du Wisconsin.
Je l’avoue je m’attendais à aimer ce livre autant que j’avais aimé le film. Et ce ne fut pas le cas, j’ai même eu beaucoup de mal à rentrer dedans au début. En cause, le personnage de Sookie, qui incarnait pour moi le parfait cliché de la femme sudiste : évaporée, femme au foyer dépendante de son mari, et qui a besoin de sels à chaque contrariété (je comprends que sa découverte soit un choc, mais sérieusement, qui a des sels à demeure ?).
Heureusement, en alternance des chapitres qui lui sont consacrés, nous découvrons la ville de Pulaski, et la famille Judabralinski. Et particulièrement Fritzi, l’ainée des 4 filles. Frondeuse, anticonformiste, elle se prend de passion pour les avions au point de non seulement passer son brevet de pilote, mais de devenir cascadeuse dans un cirque volant. Nous sommes à la fin des années 30.
Et c’est vraiment cette partie qui m’a enthousiasmée. J’ai adoré découvrir la vie de cette famille attachante, la façon dont le père a fait du « rêve américain » sa réalité, l’entraide et le soutien qui régnait entre ses membres, les amours des filles, la façon dont elles se sont investies pour résister aux années de guerre, et comment elles ont participé au programme Women Airforce Service Pilots. Le WASP était une organisation pionnière qui, en 1943, rassemblait des femmes pilotes civiles pour des missions stratégiques et logistiques pour l’armée américaine, et ainsi libérer les hommes pour le combat. Et comment, elles ont été éjectées de l’armée lorsqu’on n’a plus eu besoin d’elles. C’était assez passionnant.
Et heureusement, au fur et à mesure que l’histoire avance, cela s’améliore aussi du côté Sookie. On finit par dépasser sa superficialité apparente, et elle est même à l’origine de quelques scènes bien drôles. Et je l’avoue, finalement, j’aime bien la morale de La dernière réunion des filles de la station-service. Car les thématiques de fond que Fannie Flagg aborde ici sont la résilience, l’acceptation de soi, la place de la femme.
Grâce au Dr Shapiro, elle avait compris que la réussite dépendait moins de ce qu’on avait accompli que de ce qu’on avait surmonté.
Roman publié aux éditions Cherche – midi – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Luc Piningre
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