Holywood, 1948. Un film noir englué dans des remaniements sans fin. Un scénariste rattrapé par ses propres cauchemars datant de la guerre. La mort suspecte d’une starlette. Le passé trouble de sa remplaçante. Et un patron de studio et son chef de la sécurité, à tout prix disposés à faire n’importe quoi pour que les caméras tournent, alors que la chasse aux sorcières menace l’industrie du cinéma toute entière.
Avis : J’adore les classiques américains du film noir des années 40 et 50. Hitchcock, Hawkes, Huston… Lorsque j’ai découvert Fondu au noir, j’ai donc été incapable de résister et je ne l’ai pas regretté !
Cette superbe BD de 335 pages nous entraîne dans les studios de Victory Street alors que Valeria Sommers, l’actrice vedette d’un film en cours de tournage, vient d’être retrouvée pendue dans son appartement. C’est tragique, mais des suicides de starlettes il y en a eu d’autres, et the show must go on, ni une ni deux, les dirigeants appellent une autre actrice pour la remplacer. Le problème c’est que Charlie Parish, scénariste dépressif et alcoolique, sait lui, que Valeria ne s’est pas donné la mort. Elle a été assassinée. Que faire ? Se taire, continuer à ne pas se faire remarquer pour préserver ses propres secrets ? Ou découvrir ce qu’il s’est passé ? Ne le doit-il pas à Valeria ? À son amie ?
J’ai été enchantée du début à la fin par Fondu au noir. Déjà, le trait est magnifique, on se croirait réellement dans un film. Un trombinoscope permet même de retrouver l’ensemble du casting au début du titre. Les cases de Sean Phillips et Elizabeth Breitweiser retranscrivent parfaitement l’ambiance – noire, vénéneuse, désespérée aussi – et les décors : des tapis rouges aux plages de sable blanc, des superbes blondes fatales aux gros bras. Un régal pour les yeux.
On retrouve parfaitement le ton désabusé et le glamour des films. Les thèmes aussi : l’addiction, l’argent, la course à la célébrité, la corruption, le sexe… Le contexte historique ajoute un cachet supplémentaire. Nous sommes en pleine chasse aux sorcières, suspicion et délation règnent, et derrière chaque porte peut se cacher un agent du FBI. Le climat est délétère et les protagonistes n’en font que plus semblant de s’accrocher aux paillettes. Ed Brubaker se fond dans ce cadre avec un gant de velours et tisse une intrigue solide et des êtres cassés par la vie. La beauté se mêle à la violence dans un hommage vibrant à l’âge d’or du cinéma Hollywoodien.
Pour nous achever, Fondu au noir se termine par de nombreuses illustrations, par Phillips et Brubaker, toutes plus belles les unes que les autres.
BD parue aux éditions Delcourt – Traduit par Doug Headline