Dans cette rue-là, certains enfants ont deux mamans, des cheveux violet, le droit de fumer des joints sans se cacher. Dans cette rue-là, des couples de quadra vivent encore des droits d’auteur d’un tube écrit à quatre mains pour une icône rock suicidée qui fut leur camarade et plus si affinités. Dans cette rue-là, des amitiés se bonifient depuis l’université. Car cette rue-là se trouve au coeur du plus trépidant quartier de New York : Brooklyn. Et des trépidations, il y en a, au cours de ce fol été que traversent Elizabeth, Andrew et leur ado prodige, Harry, mais aussi
Jane, sa femme Zoe et leur explosive Ruby, née d’un don de sperme. Au programme : crise de fin d’ado et crise de la quarantaine, crise de couple et crise existentielle, crise de larmes et crise de fous rires !
Avis : « Un été pop à Brooklyn » comme le dit la couverture n’est vraiment pas une bonne pub pour ce roman. Il y a bien plus qu’une simple lecture de plage dans Modern lovers.
J’ai été agréablement surprise par l’écriture, ni mièvre ou simpliste, pas non plus ciselée, mais qui a un vrai ton. La ville de Brooklyn est superbement mise en lumière et apporte le côté chic mais nature à ce roman bien de notre temps.
Les personnages sont un peu plus complexes que dans un roman de filles. Surtout les adultes, car les deux ados, Ruby et Harry, restent un peu superficiels. Il y a bien sûr de l’amour, mais la première fois se finit au commissariat. Il y a bien les lesbiennes de services (Zoe et Jane) mais elles s’avèrent être tout sauf des clichés. Le couple hétéro, presque « sweet hearts » du lycée, a des problèmes, mais ce n’est pas l’habituel duo ennui/tromperie, enfin si, mais non…
Et il y a la chanson, le « hit » de leur passé glorieux qui revient hanter leurs vies tel un fantôme. Des secrets liés à leur rencontre avec Lydia, la rockeuse suicidée de leur jeune temps, vont mettre le feu aux poudres.
Harry lui, s’interroge sur le fait que les enfants n’aiment pas imaginer leurs parents plus fun qu’eux. Et ainsi va essayer de devenir plus fun lui-même. Mais les parents aussi se la pose, cette question. Andrew en tête, qui ne sait plus ce qu’il doit penser de sa vie. Était-ce mieux avant ? A-t-il fait une grosse erreur en épousant Élisabeth ? Sa crise de la cinquantaine aurait pu être encore plus terrible, car il met sa confiance dans un gourou et pourrait bien avoir à le regretter…
Chez Jane et Zoé, le couple lesbien, la question du divorce plane.
Il y a la confiance et la jalousie. Il y a la raison et l’envie. Il y a la routine et l’aventure.
Ces questionnements sont universels, mais le traitement qu’en fait Emma Straub, m’a plu.
Pour la fin, des encadrés, extraits de la presse, nous dévoilent juste quelques unes des futures péripéties de nos 6 principaux protagonistes. Et même si c’est une fin ouverte, ce que je n’apprécie pas toujours, celle-ci est fine, adulte et joyeuse, sans être convenue.
Roman publié aux éditions Presses de la cité – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Laura Bourgeois
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