Freddie Friday / Eva Rice

Freddie Friday / Eva Rice

couverture de Freddie Friday de Eva RiceRésumé : Marnie, petit génie des mathéma-tiques du prestigieux établissement St Libby, a tout de l’élève modèle. Jusqu’au jour où, avec son amie Rachel, elle commet l’irréparable. Pour oublier, elle va noyer son angoisse dans l’alcool.
Juste avant ces événements drama-tiques, elle a fait une rencontre singulière : sa seule raison de vivre, désormais, sera de revoir Freddie Friday, ce garçon qui travaille à l’usine de céréales Shredded Wheat. Ses rêves vont devenir les siens. Mais pour qu’ils se réalisent, elle aura besoin de son professeur de maths, la belle Julie Crewe, autrefois danseuse. Acceptera-t-elle de l’aider ? Aura-t-elle envie de remuer le passé, de se rappeler ce temps où elle était encore capable de danser, avec l’irrésistible et mystérieux Jo à Central Park ?
Si Marnie fait appel à elle, c’est parce que ce jeune homme étrange, fascinant, rêve sans trop y croire de devenir danseur. Ses pas de danse résonnent sur le plancher de l’usine tous les samedis après-midi, quand personne ne vient y travailler. Marnie est transportée par les moments qu’elle passe avec Freddie, loin des imbroglios familiaux de son milieu privilégié. Avec l’innocence de la jeunesse, elle veut tout chambouler. Elle, elle y croit.

Avis : Connaissez-vous les « déjà-vus » ? Par exemple, croire connaitre quelqu’un, avoir l’impression d’avoir déjà vu un lieu ou de revivre un événement pourtant nouveau ? Ou bien, dans le cas de Freddy Friday, quand il vous semble voir des images d’un film qui aurait été tourné d’après le livre que vous êtes en train de lire ? Mais en fait non 😉
Pour moi, dès que Julie Crewe, la professeur de maths de ce roman, parlait, je voyais Julia Roberts dans Le Sourire de Mona Lisa (coïncidence entre les deux prénoms, Julie et Julia ? Coïncidence de rousseur…..? Même époque des 60’s ?). Passés les trois premiers chapitres, j’ai pu abandonner cette impression et vraiment plonger dans ce roman pour ce qu’il est, un roman d’apprentissage assez unique.

Premièrement, apprentissage d’une jeune fille, Marnie, ou plutôt deux jeunes filles, si on compte la délicieusement libre Rachel.
Deuxièmement, d’un jeune danseur, Freddie Friday, c’est quand même lui qui donne son titre au roman. Et troisièmement, de leur professeur donc, qui malgré ses 40 ans environ va en apprendre des choses, si vous saviez !!!!

Freddie Friday parle de l’adolescence avec les sentiments à fleur de peau, les premiers émois, les premiers tournants décisifs (boire ou ne pas boire, telle est la question ?, se laisser envouter par quelqu’un et dériver ensuite toute une vie). Il traite également de l’apprentissage vers le côté responsable, de choix et de vision de ce que doit être la vie, notre vie. Notre place dans notre famille, les liens de parenté, d’amitié.

Que ce soit pour Julie ou Marnie, elles ont une vision de ce qu’elles doivent être pour les autres, en oubliant ce qu’elles doivent faire, vivre ou être pour se révéler à elles-mêmes.
On est toujours en alternance parce que chaque chapitre donne la parole à Julie ou à Marnie. On est ballottés entre ses deux femme-filles car Marnie parait être très mature et que visiblement Julie est restée quelque part vers ses 20 ans. Pourtant, elles sont toutes deux la proie des troubles et des chaines qu’elles aiment porter. Et bien sûr, tout n’est jamais aussi simple.

Alternance entre deux mondes : le dehors (la ville et l’usine, l’école publique, les garçons pour Marnie) et le dedans (les mathématiques, la famille, l’école privée et son professeur). Pour Freddie, les riches et les pauvres. Et l’on se rend compte grâce à cette alternance que finalement, les questionnements ne sont pas si différents selon le milieu où vous évoluez. Choisir sa vie, mener celle que l’on souhaite ne peut se faire qu’en brisant ses propres chaînes tout autant que celles que la société ou la famille vous mettent.

Enfin, parlons un peu de Freddie Friday. Il est vu en creux. Toujours par la vision ou les envies de ces deux femmes. Son univers et ses sentiments ne sont perçus que lorsque l’une ou l’autre de ses « admiratrices » est avec lui. Son homosexualité n’est que peu discutée, elle est même relativement simple au vu de l’époque, son milieu pauvre n’est pas évoqué, la famille de Marnie l’accueille avec bienveillance. Cela était-il vraiment aussi facile et libre à cette époque ?

Ce que j’ai lu entre les lignes, c’est ce boulet que l’on s’attache soi-même autour de la cheville. Que ce soit la blessure narcissique et amoureuse de Julie, la culpabilité de Marnie ou ou l’attachement de Freddie envers son grand père, quelqu’un qui ne lui fait pas (que ?) du bien.

Ce roman est unique car il réussit à traiter de plusieurs choses en même temps, et même si le vocabulaire et les tournures de phrases sont simples, cela reste un beau challenge réussi !

Roman publié aux éditions Baker-Street – Traduit de l’anglais par Martine Leroy-Battistelli

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