Quatrième de couverture : Twisted Tree, dans le Dakota du Sud, a tout de la petite ville silencieuse, au coeur de la nature sauvage qui s’étend à perte de vue. Mais l’infinie solitude des grands espaces rend chacun prisonnier de ses obsessions : sur l’autoroute 91, un tueur en série assassine la jeune Hayley Jo. Dans un troublant jeu d’écho, les âmes tourmentées des habitants se racontent alors tour à tour, dévoilant les minuscules tragédies de cette communauté du Midwest. De Sophie Lawrence, qui fait mine de s’occuper de son beau-père invalide pour mieux se venger de lui, à Shane, qui se recrée une vie au fil des lettres adressées à sa mère, douze voix se font entendre, comme autant de pièces décisives pour reconstituer le puzzle complexe des relations humaines.
Avis : Twisted Tree est un récit polyphonique extrêmement bien construit. Chacun des 16 chapitres qui le composent pourraient facilement se lire indépendamment les uns des autres, mais ils arrivent pourtant à former un tout dense et cohérent.
Kent Meyers a choisi, comme point de départ pour son roman, de mettre en scène un crime fictif, perpétré par un tueur en série ayant réellement existé : le tueur de I-90. Et cela, pour mieux nous ramener à Twisted Tree, cette petite ville du Dakota du Sud, dont la jeune Hay Jay, l’une des victimes du tueur, était originaire. Ville qu’elle a fuit dès qu’elle a pu, comme pour mieux se fuir elle-même. Kent Meyers a choisi lui, non pas de faire l’analyse de son meurtrier, mais de nous faire découvrir cette ville et ses habitants, à travers une galerie de portraits décrivant toute l’âpreté de la vie et des sentiments humains.
Twisted Tree est le genre de petite bourgade où tout le monde connait tout le monde. Tous les acteurs de cette danse sont donc reliés les uns aux autres, ne serait-ce que de loin. Au centre, nous retrouvons bien souvent Hay Jay, celle par qui tout a commencé, mais pas toujours. C’est une véritable toile d’araignée qui prend vie sous la plume de l’auteur, tout un kaléidoscope de sentiments : culpabilité, incompréhension, vengeance, désir, actes manqués,… solitude. Car voilà le fil d’Ariane qui relie tous ces personnages. Un fil de solitude, ténu et pourtant aussi profond que les terres qui entourent la ville, car Twisted Tree, c’est aussi de grandes étendues, des bisons et… des serpents. Ces derniers étant décrits dans deux scènes absolument saisissantes de réalisme et d’effroi.
Le tout est servi par une écriture poétique, bien que parfois un peu trop lyrique. L’auteur ne s’épargne en effet pas quelques grandes envolées. Mais le seul vrai reproche que je pourrais faire à ce roman se situe dans la forme. Aucune ponctuation n’indique les dialogues et c’est assez désagréable pour le lecteur. Il faut parfois deviner qui est en train de parler et même si on parle.
Roman traduit par Laura Derajinski – Edité par les éditions Gallmeister (Nature writing)