Pierre Rabhi, le chant de la terre / Rachel et Jean-Pierre Cartier

Pierre Rabhi, le chant de la terre / Rachel et Jean-Pierre Cartier

couverture de Le chant de la terre de Cartier et NovelRésumé : Pierre Rabhi est né dans l’oasis de Kenadsa, dans le Sud algérien. Au contact des Occidentaux lors de sa venue en France, il constate que la Terre n’est pas perçue comme une source de vie. Installé en Ardèche, il pratique en pionnier l’agroécologie. Il en enseigne les méthodes et les bienfaits dans plusieurs pays d’Europe et d’Afrique. «De ses propres mains, écrit son ami Yehudi Menuhin, Pierre Rabhi a transmis la vie au sable du désert, car la vie est une, et la féconde transformation bactérienne rend au sable lui-même le don de pouvoir renouveler les espèces. Cet homme très simplement saint, d’un esprit net et clair, dont la beauté poétique du langage révèle une ardente passion, cet homme a fécondé des terres poussiéreuses avec sa sueur, par un travail qui rétablit la chaîne de vie que nous interrompons continuellement.» Jean-Pierre et Rachel Cartier donnent ici plus qu’un portrait de Pierre Rabhi, ils le font parler. Et sa parole est le chant de la Terre. L’actualisation de cet ouvrage par Anne-Sophie Novel, journaliste spécialiste du développement durable, permet de mesurer l’engagement citoyen de Pierre Rabhi, d’appréhender sa vie d’homme public, son expérience en politique, et de saisir toute la portée de son cheminement spirituel.

Avis : Que ce chant est bon, beau et grand ! Comme dans Vers la sobriété heureuse, j’ai été happée par ces nouveaux idéaux. Nouveaux pour moi, mais heureusement pas pour tout le monde !

Les auteurs nous expliquent le chemin parcouru par Pierre Rabhi, sa femme Michèle, et leurs enfants. Ce chemin a dû et doit encore éviter les nombreux obstacles que les réflexes de pensées uniques et modernistes mettent sur leur route. Et attention, que ce soit clair : moi aussi parfois, je pensais que Pierre Rabhi était anti modernité, mais il n’en est rien. Il veut juste que la modernité serve l’humain et pas que nous y soyons assujettis. Ses mots sont même beaucoup plus forts : pas d’asservissement de l’humanité par les machines, que ce soit dans l’agriculture ou les transports, ou même la vie courante.

La famille Rabhi évite les obstacles en croyant à ce qu’elle réalise. Vivre en Ardèche alors que tout le monde en part, effectuer leur travail et éduquer différemment. Leurs essais et réussites montrent que l’on peut éviter les obstacles et que des croyances que l’on prend pour véridiques et établies comme telles, peuvent être changées. En effet, à la croyance mondiale de croissance infinie sur une planète qui a ses limites, Pierre Rabhi prône une sobriété heureuse, nous l’avons vu. A la croyance dans une supériorité de certains sur d’autres (races, riches/pauvres, genre, humanité/nature, humanité/animaux….) il oppose d’essayer de croire en l’autre, en la société civile et de vivre avec le nécessaire sans superflu.
Des parcours qui sont donc autant de « possibles« .

Le texte est émaillé de paroles de Pierre Rabhi. Ses pensées sont reliées à d’autres peuples qu’il ne cesse de rencontrer. Ses proverbes ou ses histoires sur des paysans ou des peuplades reculées sont débordantes de vie et de vérité, sans parler de simplicité. Ainsi je me permets de retranscrire une anecdote : celle d’un vendeur de chaise indien à qui des touristes demandent de confectionner cinq nouvelles chaises identiques à celle qui leur plait et qu’il vient de finir. Ils lui proposent de payer 300 dollars pour les 6 puisque que le prix est de 50 dollars l’une. L’artisan leur répond que le calcul sera différent car s’il a pris du plaisir à fabriquer la première chaise, il n’en sera pas de même pour les suivantes. Donc le prix doublera à chaque chaise. Quel gouffre entre ces deux modes de pensée !

Anne-Sophie Novel apporte de nombreuses explications et documente très bien ce livre. Les chapitres sont présentés de manière chronologique mais, très intelligemment, font aussi référence aux thèmes chers à Pierre Rabhi : France, Afrique, Sobriété, vie, éducation, éloge de la femme, il revient également sur son entrée en « politique ».

Pour la néophyte que je suis, c’est une expérience véritablement bouleversante. Une expérience qui me grandit et qui agrandit MES possibles. Cette nouveauté de voir que c’est possible puisqu’ils l’ont fait !

Malgré tout, tout ne m’a pas convaincue. La question de réaliser à grande échelle ce qu’ils font à leur « petit » niveau reste entière. Le colibri poursuit ses actions même si cette question n’est d’ailleurs jamais vraiment évoquée. Le retournement de méthode de pensée que cela demanderait me donne le vertige mais cela est en marche dit Monsieur Rabhi.
Ce livre pourrait donc s’appeler « En chemin vers une vie plus respectueuse du vivant » et c’est déjà énorme.

Essai publié aux éditions La table ronde

Pour plus de renseignements allez voir ces liens:
https://www.colibris-lemouvement.org/oasis/les-oasis-en-france/le-hameau-des-buis
http://la-ferme-des-enfants.com/
http://terre-humanisme.org/
http://www.colibris-lemouvement.org/

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