Quatrième de couverture : Le « Hell’s Kitchen » des années soixante, quartier misérable et mal famé de Manhattan, c’est le décor de West Side Story. Des immeubles délabrés et des terrains vagues pour tout horizon. Pour échapper à l’asphyxie, quatre gosses se tournent vers la camaraderie, les filles, le base-ball, les jeux violents et le vagabondage. La rue leur appartient. Ils en ont fait leur paradis.
Un chapardage qui tourne mal les en chasse. Michael, John, Tommy et Lorenzo sont jetés dans une maison de correction et livrés, une année durant, à la peur, à l’humiliation, au sadisme et au viol.
Des années plus tard, le cauchemar n’est pas dissipé. Deux de ces enfants sont devenus des tueurs patentés. Et dans le cœur de chacun, désormais, la haine et le désir de se venger…
Avis : Ce livre est dans ma PAL depuis des années, acheté après avoir vu de nombreuses fois l’adaptation cinématographique. Je ne sais cependant pas si je l’en aurais tiré un jour sans l’intervention du Chat de Cheshire qui l’a choisi pour le challenge LDPA. Et là encore, j’ai trainé la patte… Pourtant, je ressors de ma lecture le cœur serré et la larme à l’œil.
Ceci est une autobiographie. Lorenzo Carcaterra écrit sur sa vie et celles de ses 3 meilleurs amis. Il nous livre leur histoire avec pudeur et dignité, sans pathos. Son style simple et plein d’humour est vraiment très agréable à lire. Il nous conte l’histoire de 4 gosses pleins de vie, portés par la fougue et l’inconséquence de la jeunesse. Quatre gosses qui, après un « jeu » ayant mal tourné, passeront une année de leur vie dans le foyer pour jeunes délinquants de Wilkinson. Une année qui les marquera à jamais, où ils seront soumis à la torture et au viol. Une année qui transformera leurs destins.
En 1963, John, Tommy, Mickey et « Shakes » sont âgés de 9 à 12 ans et vivent dans l’Hell’s Kitchen, un quartier pauvre et dur de Manhattan. Un quartier où la violence familiale est la norme, mais où, paradoxalement, la sécurité règne dans les rues pour ses habitants. Et ces rues étaient le terrain de jeu privilégié de ces quatre amis.
L’auteur fait une rétrospective de son quartier et de sa vie à cette époque. Il voit aussi bien les mauvais côtés que les bons : les brutalités, la dureté de la vie, la criminalité mais aussi la liberté, l’amitié et la solidarité. Le dessin de cette société, de ce microcosme, est vraiment bien dépeint, et apporte un autre regard que celui qu’on nous présente habituellement.
Malgré ce que chacun des enfants endure dans leurs familles, c’est une époque de gaieté, de rires et d’espoir. Ils prennent le meilleur de ce que la vie peut leur donner et serrent les dents sur le reste. C’est là que l’auteur nous attrape, en nous faisant aimer ces gosses, impertinents, malicieux, pleins de vie et si forts. C’est alors le temps de l’innocence.
En 1967, ils ont entre 13 et 16 ans. Pour avoir manqué de tuer un homme suite à un accident stupide, ils sont envoyés à Wilkinson. Le ton du récit change et devient dur, à l’image de ce qu’ils vont vivre. Il n’y a plus de joie, plus de rires. Les scènes de violences sont là, difficiles, mais moins que ce que j’appréhendais. L’auteur reste sobre et nous épargne le pire, tout en ne voilant pas les sévices auxquels ces 4 jeunes ont été soumis.
Nous les retrouvons ensuite en 1979. Adultes, leurs chemins ont divergé. Deux sont devenus des criminels, un est adjoint du procureur et le dernier est apprenti journaliste. Mais leur amitié est restée intacte, tout comme les marques sur leurs âmes. On retrouve à ce moment-là, un peu de l’humour des débuts. Pourtant, c’est le temps de la vengeance, le temps de rendre les coups et de dévoiler au monde ce qui se passe réellement entre les 4 murs d’un foyer réputé pour sa discipline.
Ceci est un témoignage vibrant, puissant qui ne peut laisser indifférent. Un récit qui prend aux tripes et qui frappe d’autant plus fort qu’on le sait authentique. C’est criant de vérité. Les dialogues sont percutants. Les différentes parties sont parfaitement dosées, surtout la 1ère qui est un hymne à l’enfance. Ils étaient juste des gosses, pas méchants, et malgré la portée fatale de leurs actes, ils n’avaient absolument pas mérité un tel châtiment.
Bien que je connaisse déjà parfaitement l’histoire, de par le film, je n’ai ressentie aucune longueur et j’ai été complètement prise par le récit. Et, l’épilogue enfonce parfaitement le clou de cette histoire tragique.
« – J’ai pas voulu ça, murmura-t-il en se penchant vers moi. Personne n’a voulu ça.
– Je n’ai pas besoin de tes remords, répliquai-je, ils ne me font aucun bien.
– Je vous en supplie, fit-il, la voix brisée. Essayez de me pardonner. S’il vous plait.
– Apprends à vivre avec tes remords, lui lançai-je en me levant.
– Je ne peux pas. Plus maintenant.
– Alors, meurs avec, dis-je avec un regard dur. Comme nous tous. ».
Roman publié aux éditions Pocket – Traduit par Jacques Martinache.
LC avec Nymeria.
Réalisé par Barry Levinson avec Robert De Niro, Dustin Hoffman, Vittorio Gassma, Kevin Bacon, Brad Pitt, Jason Patric
Avis : Après avoir fini le livre, j’ai voulu revoir le film. C’est une bonne adaptation, fidèle et qui respecte bien l’atmosphère du roman, même si l’on peut regretter, comme souvent, certaines des coupes apportées. Les moments les plus marquants sont tout de même présents, même si pas toujours présentés dans le même ordre qu’initialement. Certains dialogues sont repris au mot près, et la voix off permet de reprendre, elle, exactement les mots de Lorenzo Carcaterra..
Au niveau des coupes, le réalisateur ayant choisi de mettre l’accent sur la dernière partie, c’est la période de leur jeunesse qui en subie le plus. Cette époque est rapidement évoquée. C’est dommage car c’est ce qui donne sa force au livre. C’est là que nous apprenons à connaître ces enfants, à les comprendre et à les aimer. Dans cette version, je crois que le nom de Tommy n’a pas été prononcé une seule fois avant l’accident. On ne ressent pas non plus que Mickey était le meneur de leur groupe ou l’importance qu’avait pour eux Le comte de Monte Cristo avant même les évènements..
A contrario, une scène, sur un amour manqué, a été rajoutée. C’est un choix curieux car ce n’était pas nécessaire pour ajouter du sentiment..
La mise en scène est cependant de qualité et, grâce à des effets de surimpression, le réalisateur réussit à introduire des scènes du roman qui ont été passées sous silence. Un point du film gagne même sur le livre, c’est la scène portant sur les aveux de Fergusson, qui est très bien adaptée. .
Tous les acteurs sont bons, mais Kevin Bacon, dans le rôle de Nokes, est parfait en sadique pervers, dont les pensées transparaissent dans son regard..
Le film est à voir, mais le livre, lui, est à lire absolument !