Quatrième de couverture : Au cœur du Sud profond, La Nouvelle-Orléans, construite sur des marécages en dessous du niveau de la mer, a toujours été aux prises avec tornades, inondations et épidémies de toutes sortes. La nature du sol en fait une cité qui s’affaisse, où les morts ne peuvent être enterrés. Alligators, serpents, araignées hantent ses marais. Nombre de menaces ont toujours plané au-dessus de la ville. Et pourtant…
Lorsqu’en 1919 un tueur en série s’attaque à ses habitants en laissant sur les lieux de ses crimes des cartes de tarot, la panique gagne peu à peu. On évoque le vaudou. Les victimes étant siciliennes, les rivalités ethniques sont exacerbées. Un policier, Michael Talbot, un journaliste, John Riley, une jeune secrétaire de l’agence Pinkerton, Ida, et un ancien policier tout juste sorti de prison, Luca D’Andrea, vont tenter de résoudre l’affaire. Mais eux aussi ont leurs secrets… Alors qu’un ouragan s’approche de la ville, le tueur, toujours aussi insaisissable, continue à sévir. Le chaos est proche
Avis : Inspiré de faits réels, Carnaval nous plonge au cœur d’une époque charnière de l’histoire américaine. Période de mutation imprégnée de traditions, la ségrégation raciale y était encore très forte, tandis que la prohibition frappait à la porte. Et bien que la première guerre mondiale soit terminée, l’ombre de ses crocs était encore profondément plantée dans l’âme de ces hommes ayant connu les horreurs de la guerre. Pour toile de fond, La Nouvelle Orléans, une ville mythique entre toutes.
C’est donc un récit très documenté que nous présente Ray Celestin. De manière parfaitement maîtrisée, il parvient à rendre l’atmosphère de cette ville si particulière, vivante, grouillante, avec son melting-pot, sa corruption, ses bayous, ses croyances, sa musique… Il se paie même le luxe d’inviter dans son roman, une figure emblématique de cette époque : Louis Armstrong. Nous le rencontrons alors qu’il n’est encore que le jeune Lewis, et qu’il se demande quel sera son avenir.
L’auteur nous dévoile son intrigue sous la forme d’un triptyque. Pour la porter, trois personnages menant chacun leur propre enquête pour essayer de comprendre, et d’arrêter le tueur à la hache, une ombre sanglante qui hante les rues de la ville en massacrant des couples. Au hasard ? Poursuit-il un but ? Est-ce un homme ou un démon ? Mais aucun de nos trois protagonistes principaux ne croient au paranormal, et chacun à leur manière, portés par des motivations personnelles, ils sont bien décidés à trouver la vérité.
Ida Davis, la jeune secrétaire de l’agence Pinkerton, grande amatrice de romans policiers, rêve de prouver ainsi ses compétences à ses employeurs. Michael Talbot, bien qu’ostracisé par ses collègues policiers et entouré par la corruption, voue une véritable passion à son métier. Luca d’Andrea, l’ancien flic tout juste sorti de prison n’a accepté le boulot que pour survivre. Ils suivront tous des pistes différentes, chacun apportant un élément de cette affaire pour en révéler l’effrayant et tragique tableau final.
La parfaite reconstitution historique et les personnages profonds et riches mis en place par Ray Celestin sont les atouts de Carnaval. Il est toutefois à regretter son rythme un peu lent.
« Si cette ville était une personne, ce serait une pute sur le déclin. Avec du rouge à lèvres mal étalé et des dents jaunes, souriante, et minaudante, enveloppée dans des vêtements en soie française défraîchie. La coquetterie et les falbalas pour masquer la déchéance. »
Roman paru au Cherche-Midi – Traduit par Jean Szlamowicz
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