Les larmes noires sur la terre / Sandrine Collette

Les larmes noires sur la terre / Sandrine Collette

Couverture de Les larmes noirs sur la terre de Sandrine ColletteIl a suffi d’une fois. Une seule mauvaise décision, partir, suivre un homme à Paris. Moe n’avait que vingt ans. Six ans après, hagarde, épuisée, avec pour unique trésor un nourrisson qui l’accroche à la vie, elle est amenée de force dans un centre d’accueil pour déshérités, surnommé «la Casse».
La Casse, c’est une ville de miséreux logés dans des carcasses de voitures brisées et posées sur cales, des rues entières bordées d’automobiles embouties. Chaque épave est attribuée à une personne. Pour Moe, ce sera une 306 grise. Plus de sièges arrière, deux couvertures, et voilà leur logement, à elle et au petit. Un désespoir.
Et puis, au milieu de l’effondrement de sa vie, un coup de chance, enfin : dans sa ruelle, cinq femmes s’épaulent pour affronter ensemble la noirceur du quartier. Elles vont adopter Moe et son fils. Il y a là Ada, la vieille, puissante parce qu’elle sait les secrets des herbes, Jaja la guerrière, Poule la survivante, Marie-Thé la douce, et Nini, celle qui veut quand même être jolie et danser.
Leur force, c’est leur cohésion, leur entraide, leur lucidité. Si une seule y croit encore, alors il leur reste à toutes une chance de s’en sortir. Mais à quel prix?

Avis : Après Six fourmis blanches, j’ai lu ses Larmes noires sur la terre en ayant du mal à retenir les miennes. L’ignominie et la noirceur de ce roman sont totales et sont autant d’uppercut dans nos faces.

L’auteure nous entraîne dans les bas-fonds et les profondeurs plus qu’abyssales que sont certaines des campagnes françaises – tout comme le sont certaines familles aisées, gangrenées par le racisme et le non respect de la vie. Mais elle ne s’arrête pas là, et nous retourne les tripes avec ses personnages « bien-pensants », qui véhiculent une certaine idée que cela arrive à ceux qui sont fainéants, pas comme il faut de naissance… Mais l’horreur ne s’arrête pas à l’hexagone, ailleurs, partout, tout le temps, la guerre et l’inhumanité font rage.

Les histoires de ces femmes sont terribles et pourtant elles restent humaines et entretiennent l’espoir, elles veillent, en attente de lendemains plus chantants.

Le rythme des mots est comme toujours chez Sandrine Collette une poésie angoissante et lunaire. La fin heureuse, malgré un dernier twist au vitriol, et à laquelle j’étais loin de m’attendre m’a rendue un faible sourire.

On reste hébété après ce livre noir et violent, à l’écriture bouleversante. Une mise K-O (peut-on vraiment tomber si bas, peut-on « vivre » ainsi, comment accepte-t-on cela dans nos « jungles » et autre bidonville ?) mais qui m’a plu et qui me donne vraiment envie de lire d’autres romans de Sandrine Collette… et vite.

Roman paru aux éditions Denoël (Sueurs froides).

 

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