La carapace de la tortue / Marie-Laure Hubert Nasser

couverture de La carapace de la tortue de Marie Laure Hubert Nasser

Résumé : Clotilde cache ses complexes derrière d’amples vêtements. Après avoir tenté sa chance à Paris, cette jeune Bordelaise revient au pays grâce à sa grand-tante. Sous des dehors revêches, Thérèse a prévu pour sa petite-nièce un strict programme de remise en forme. Avec l’aide de tous les voisins qui ont au préalable passé un casting impitoyable, Clotilde devra sortir de sa réserve. Il y a Claudie qui aime raconter ses histoires de fesses, Sarah et Sophie, délaissées par leur mari et bien décidées à s’en accommoder, Élisabeth, la business woman meurtrie de ne pas voir grandir ses trois enfants… Chacun à sa façon va aider Clotilde à reprendre goût à la vie.

Avis : La carapace de la tortue est un premier livre étonnant. Ce que l’on pourrait prendre au premier coup d’œil pour un livre de « filles » – avec des copines un peu garces, une héroïne ronde et douce qui a un passé de délaissée, une galerie de femmes toutes plus différentes et en même temps (peut-être ?) un peu semblables, des hommes pas vraiment à la hauteur, des enfants plus ou moins odieux, et avec, cerise sur le gâteau, une tante « vilaine » de son surnom – s’avère être un MAGNIFIQUE roman qui allie vocabulaire ciselé, beauté de l’art et intelligence du propos.

En effet, tous ces personnages sont là pour mettre en avant notre Clotilde, avec humour et tendresse. Cette « Tide », jeune femme obèse, qui n’a jamais été appréciée par sa mère, revient de Paris pour vivre à Bordeaux, sa ville natale qu’elle avait fui pour s’éloigner de sa famille. Si la tendresse est cachée, voire ensevelie sous de la cruauté, c’est bien de la part de sa tante. Clotilde s’installe dans l’immeuble de celle-ci, obèse également et ne pouvant bouger. Sa tante a ainsi réuni dans un même lieu, différents locataires qui vont lui permettre d’aider sa nièce « à sortir de sa carapace ».

Tout ceci parait très hollywoodien et, un peu de l’écriture de Marie-Laure Hubert Nasser n’est pas sans rappeler Bridget Jones (via l’utilisation du journal intime : en moins désopilant mais plus véridique et touchant.). Mais il n’en est rien. Les descriptions sont imagées à merveille, la psychologie est profonde, les liens avec l’art sont époustouflants et la fin n’est pas vraiment un happy end.

Et oui, La carapace de la tortue est une sorte d’OLNI. Il est intelligent, rempli de beauté(s) et d’une humanité débordante. Être gay, avoir eu une enfance mal aimée, ou être obèse n’est finalement plus un handicap à partir du moment où on le décide. Bien évidemment avec des coups de pouce du destin…. ou de sa tante !!! Même le papier de la couverture parait différent, il ne luit pas comme d’autres mais a un toucher très agréable.

Si j’ai été désarçonnée par le changement brutal de ton avec l’apparition du journal intime de notre héroïne, puis par la révélation de la mère de Clotilde et enfin par la « deuxième fin », ce n’est finalement que du bonheur d’être surprise et émerveillée d’une lecture dont la couverture est une tortue en guimauve…

Roman publié aux éditions Gallimard (Folio)

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