Le prince écorché / Mark Lawrence

Le prince écorché / Mark Lawrence

couverture de Le prince écorché de Mark LawrenceL’empire brisé, Tome 1 prince écorché

Quatrième de couverture : A treize ans il est le chef d’une bande de hors-la-loi sanguinaires. Il a décidé qu’à quinze ans, il serait roi.
L’heure est venue pour le prince Jorg Ancrath de regagner le château qu’il avait quitté sans un regard en arrière, et de s’emparer de ce qui lui revient de droit. Depuis le jour où il fut contraint d’assister au massacre de sa mère et de son frère, il avance porté par sa fureur. Il n’a plus rien à perdre.
Mais, de retour à la cour de son père, c’est la traîtrise qui l’accueille. La traîtrise et la magie noire. Or le jeune Jorg ne craint ni les vivants ni les morts. Animé d’une volonté farouche, il va affronter des ennemis dont il n’imagine même pas les pouvoirs.
Car tous ceux qui ont pris l’épée doivent périr par l’épée.

Avis : Le monde de Jorg Ancrath a explosé le jour où, à 9 ans, il a vu sa mère et son petit frère massacrés sous ses yeux, sans qu’il ne puisse rien y faire. Il a lui-même failli périr ce jour-là, saigné à blanc par les épines des ronces où on l’avait jeté. Il a fini par basculer dans une folie vengeresse lorsqu’il a comprit que son père, le roi, ne ferait rien afin d’obtenir justice pour les siens. Depuis, accompagné d’une bande de criminels qu’il a sorti des geôles du château et qu’il appelle ses « Frères », il parcourt les routes et sème la désolation sur son passage.

Mark Lawrence, pour son premier roman, prend le parti de nous présenter un héros sombre, brutal et dévoré par la haine. Un anti-héros qui, a priori, n’a rien pour plaire. Il n’a aucune morale et ne recule devant aucune exaction : il viole, il pille, il tue sans vergogne, mais… il est également drôle. Et par cela, on ne peut s’empêcher d’avoir une certaine sympathie pour lui. Il est plein d’une ironie amère qui lui donne un humour acéré, et cela m’a bien plu. Jorg porte en lui la culpabilité du survivant. Intelligent, il a reçu une éducation rigoureuse et il peut se révéler plus têtu que 100 mules réunies. Mais il est également pétri d’ambition. Il m’a parfois fait penser à un gamin en pleine crise de caprice. Il passe sa colère et son désespoir sur chaque personne qui ose s’opposer à lui, ou qui a le malheur de se trouver simplement sur son chemin.

Le récit du se passe en 2 temps : aujourd’hui et 4 ans auparavant. Par ce retour dans le passé, nous sont, petit à petit, révélés les faits qui ont conduits Jorg à la tête d’une troupe de mercenaires. Le prince écorché repose essentiellement sur la personnalité de son personnage principal et narrateur. Là, où le bât blesse, c’est que Jorg a tout juste 14 ans. Cela parait alors incroyable qu’il arrive à se faire obéir et à diriger des hommes. Mais, cela peut s’expliquer parce que ce gamin fait tout de même 1.80 m et, au niveau violence, il est capable d’en remontrer à plus d’un, et c’est ce que sa troupe respecte. Malgré cela, je le trouve tout de même un peu jeune, mais comme je suis bonne patte, je justifierai cela par un contexte et une époque différente, car à l’heure actuelle, cela est peu crédible. L’auteur aurait dû le faire murir de quelques années encore. Car, même s’il a commencé comme mascotte au sein de sa troupe de ruffians, il ne l’est tout de même pas resté longtemps. La manière dont il a réussi à s’imposer en tant que chef au sein du groupe est expliquée, dans une certaine mesure, à la fin. Néanmoins, cela reste un point d’achoppement qui, je pense, ne manquera pas d’en titiller plus d’un.

Le monde imaginé par l’auteur est très intéressant mais j’aurais aimé en savoir plus sur sa mythologie : la guerre des Cent, les Bâtisseurs… Et savoir quand et pourquoi l’empire a-t-il été brisé ? Il n’y a que le « comment » qui me paraisse clair ! J’espère que nous en saurons plus dans la suite. Un autre point m’a beaucoup intrigué. Il s’agit du monde crée par l’auteur. Il semble avoir créé de toutes pièces son univers avec ses contrés, ses lois et sa magie. Toutefois, on y retrouve des éléments réels tels que les grands penseurs (Socrate, Nietzsche…) et le christianisme. J’y ai bien sûr imaginé toutes sortes de raisons. S’agirait-il d’un monde parallèle où nous aurions évolué différemment ? Ou peut-être, est-ce notre futur et l’empire brisé serait en réalité notre monde après le cataclysme ? Mais j’ai tout de même de gros doutes, et j’extrapole certainement beaucoup trop. De toute manière, le lecteur n’a pas besoin de cela pour être emporté par l’histoire !

L’écriture de Mark Lawrence est entrainante et plutôt percutante. Il ajoute une touche originale et amusante à son roman en insérant entre les chapitres, des intermèdes où Jorg explique les qualités de ses frères de route, comme la minutie (utile pour les assassinats) ou la propreté (malgré les bagarres). J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir ce roman divertissant et enlevé. Je lirai donc sans hésiter la suite, en espérant que l’auteur maintienne l’évolution qu’il semble vouloir donner à la fin de celui-ci.

La guerre mes amis est beauté. Ceux qui prétendent le contraire sont du coté des perdants. Si j’avais pris la peine de m’approcher du vieux Bovid, appuyé contre la fontaine, ses tripes sur les genoux, il aurait probablement manifesté sa désapprobation. Mais regardez où ça l’a mené, de ne pas être d’accord.

Roman traduit par Claire Kreutzberger – Édité par Bragelonne 

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