Dans l’ombre de la ville / James Conan

Dans l’ombre de la ville / James Conan

couverture de Dans l'ombre de la ville de James Conan

Chicago, 1893. Alors que la ville s’habille de lumière et vit au rythme fastueux de l’Exposition universelle, des jeunes filles sans défense disparaissent mystérieusement et des corps apparaissent sur les rives boueuses du fleuve. Emily, jeune journaliste sans grande expérience mais pleine de fougue et de ressources, est bien décidée à prouver son talent au grand Joseph Pulitzer en levant le voile sur cet étrange affaire. Derrière le clinquant et les paillettes, c’est un monde sombre et malsain qu’elle va découvrir, au péril de sa vie…

Avis : Emily Strauss est une jeune journaliste ambitieuse qui cherche à faire son trou dans un monde d’hommes. Par son culot et sa débrouillardise, elle arrive à se faire remarquer par le grand Joseph Pulitzer et le convainc de la prendre à l’essai sur un article. Alors que la ville de Chicago, qui accueille actuellement la grande Exposition Universelle, présente sa plus belle image au monde, Emily a une semaine pour enquêter sur les dessous de la cité et plus particulièrement sur la disparition d’une jeune immigrante. Emily découvrira bien vite que la jeune Anna s’est laissée entrainer dans les milieux interlopes de Chicago.

Nous découvrons cette histoire à travers 3 points de vue différents. Tout d’abord, bien sûr, celui d’Emily, qui nous permet de suivre ses premiers pas dans le journalisme d’investigation. Mais nous découvrons également celui d’Anna, la jeune disparue. Si j’ai apprécié le personnage de cette dernière, j’ai en revanche eu plus de mal avec celui d’Emily, qui est pourtant l’héroïne. Je trouve qu’elle manque de chaleur. Plusieurs fois, elle m’a semblé bien plus intéressée par son article que par la vie d’Anna, alors que celle-ci est réellement en danger. Par ailleurs, on en sait très peu sur le passé d’Emily, ce qui est dommage, car du coup son personnage manque de substance. Enfin, nous suivons également le Dr Eels, un être infâme qui rêve de devenir un pionnier de la médecine. C’est un homme malsain qui m’a profondément dégoûtée. Il n’a aucune éthique, mais une ambition démesurée. Ses idées, ainsi que celles de ses amis et financeurs, sur la manière de traiter les fous, les indigents et les immigrés m’ont fortement fait penser au nazisme.

J’ai trouvé que, pour une fois, l’incessant changement de points de vue cassait le rythme au lieu de le créer. S’ajoute à cela, une intrigue en dents de scie. Elle démarre lentement et, même si le milieu est plus prenant, j’ai eu l’impression que la fin tirait à nouveau en longueur. De plus, l’enquête proprement dite m’a semblé un peu facile. Si Emily résout l’affaire, c’est un peu par hasard et surtout et avant tout une grande question de chance. Ainsi, la manière dont elle retrouve Anna à la fin, me parait un peu tiré par les cheveux. Par ailleurs, le « grand méchant » est assez facile à deviner. Enfin, certains protagonistes, au lieu de n’être que de simples accessoires, auraient mérité un rôle plus important, tel que le groom Johnny Leppard, par l’humour qu’il apporte.

Derrière le pseudonyme de James Conan, se cachent Helen Rappaport, historienne, et William Horwood, ancien chroniqueur pour le Daily Mail. Et là, pas de doute, on sent que les 2 auteurs connaissent leur sujet. L’atmosphère du Chicago du 19e siècle, ainsi que celle des salles de rédaction est parfaitement rendue. C’est d’ailleurs la plus grande force de ce roman. La reconstruction historique est très réussie. L’Exposition Universelle, les abattoirs de l’Union Stock Yard et leurs célèbres Meisters, la Bouillonne sont très bien représentés. Les auteurs reconstruisent avec brio le décor mais également l’atmosphère qui devait y régner : les syndicats, la place de la femme, les valeurs… Les petits clins d’œil à des personnages historiques comme J. Pullitzer, César Ritz ou l’agence Pinkerton sont appréciables.

Dans l’ombre de la ville me laisse un avis des plus mitigés. Il y a de très bons éléments qui auraient pu rendre l’histoire plus prenante. Malheureusement, l’ensemble est assez plat. Ce sentiment est renforcé par le rythme décousu du récit, l’héroïne peu sympathique et l’intrigue, qui manque d’ampleur.

Roman traduit par Hélène Morand – Édité par Le livre de poche

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